Les Seigneurs de Bohen
Je vais vous raconter comment l’Empire est mort.
L’Empire de Bohen, le plus puissant jamais connu, qui tirait sa richesse du lirium, ce métal aux reflets d’étoile, que les nomades de ma steppe appellent le sang blanc du monde. Un Empire fort de dix siècles d’existence, qui dans son aveuglement se croyait éternel.
J’évoquerai pour vous les héros qui provoquèrent sa chute. Vous ne trouverez parmi eux ni grands seigneurs, ni sages conseillers, ni splendides princesses, ni nobles chevaliers… Non, je vais vous narrer les hauts faits de Sainte-Étoile, l’escrimeur errant au passé trouble, persuadé de porter un monstre dans son crâne. De Maëve la morguenne, la sorcière des ports des Havres, qui voulait libérer les océans. De Wens, le clerc de notaire, condamné à l’enfer des mines et qui dans les ténèbres découvrit une nouvelle voie… Et de tant d’autres encore, de ceux dont le monde n’attendait rien, mais qui malgré cela y laissèrent leur empreinte
Et le vent emportera mes mots sur la steppe. Le vent, au-delà, les murmurera dans Bohen. Avec un peu de chance, le monde se souviendra.
mars 2017
Couverture de Marc Simonetti
Carte intérieure par Roxane Millard
Pour les premières pages, c’est ici.
Sélection pour le Prix Imaginales 2018
Sélectionné pour le Grand Prix de l’Imaginaire 2018
Nominé au Prix Elbakin 2017
Nominé au Prix Imaginales des Lycéens 2018
Sélectionné pour le Prix Libr’à nous 2018
Dans les finalistes du Prix littéraire de l’imaginaire de booktubersapp 2018
Sélectionné pour le premier Prix Imaginales des Bibliothécaires
Quelques critiques :
chez Le Chat du Cheshire
Disponible en poche chez Folio SF
Vu des coulisses
– Je me souviens du jour exact, du moment précis où j’ai commencé à rêver à Bohen. C’était un jour d’été, sur les bords de l’Atlantique, sur l’île de Ré où je vais chaque année depuis toujours. Il y avait eu une tempête la veille, j’étais sortie en soirée et je m’étais retrouvée dehors sous des trombes d’eau en compagnie de Fabien L – mon co-réal pour Tout ce qui grouille, entre autres, et aussi celui qui fait les jolies photos pour ce site, et l’être humain avec lequel je me suis retrouvée le plus souvent sous des orages. Sans faire exprès, je précise. Quoi que parfois, on a l’impression que ça devient une habitude…
Comme Fabien avait un bras dans le plâtre, nous avions emprunté un parapluie à un cafetier sympa de Saint Martin de Ré. Le lendemain matin, j’allais le lui rendre d’un coup de vélo. Puis, avant de rentrer chez moi, je passais par le port.
Il faisait très beau ce matin-là, le ciel avait cette clarté particulière des matins après la tempête, le soleil paraissait plus lumineux, le vent plus vivifiant que d’ordinaire. L’océan offrait au regard un vert bleuté intense et profond, d’une limpidité exceptionnelle pour ce rivage. Je longeais la muraille de Vauban, en profitant de ce qu’il y avait encore peu de touristes à cette heure, et en rêvassant à des romans de marines, quand d’un coup l’univers de Bohen m’est apparu. Je n’ai jamais connu ça pour un de mes autres romans. Toutes les grandes lignes de l’histoire se déroulaient d’elles-mêmes dans ma tête, comme si elles avaient été là depuis longtemps, sous la surface, à m’attendre… Je n’avais pas atteint le bout du rempart que déjà les personnages se dessinaient à grands traits, Sainte-Etoile conversant avec Morde, le monstre sous son crâne ; Maëve avançant sur la plage, les fleurs de sel se créant et se dissolvant sous ses pieds ; Lantane dans sa robe écarlate battue par les vents, sa silhouette frêle s’opposant aux tempêtes ; Wens et les glyphes d’encre noire sur sa peau…
Et les décors les accompagnaient, les marais de l’Ouave, les mines infernales de Katow-Ser, la cité immense de Serna Chernik et son palais d’ambre vert. Et les Vaisseaux Noirs, bien sûr, les navires sombres cinglant vers la rade d’Escarion qui, sous mes yeux, se confondait un peu avec le rempart de Vauban…
D’habitude j’ai toujours un carnet de notes sur moi, je n’en avais pas pris ce jour-là. Je me suis précipitée à la librairie-papeterie du port, j’ai acheté le plus épais des cahiers disponibles, et un stylo noir. Je me suis posée dans un bar face au port, j’ai commandé un double café, et j’ai commencé à écrire…
L’histoire s’est enrichie, affinée au fil du temps, ensuite. J’ai rempli le premier cahier, et encore beaucoup d’autres, et des carnets de notes aussi – dont un dédié uniquement aux monstres et aux mythes de Bohen.
Et puis, quelques années plus tard, suite à une conversation aux Imaginales, j’ai rencontré les éditeurs de Critic, et j’ai ouvert un nouveau fichier sur mon ordinateur. Le fichier des Seigneurs de Bohen. Le manuscrit devenu roman aujourd’hui.
– Et la carte, par Roxane Millard ( Chonunhwa’s Art ):